Il est l'exemple, ici très répandu, d'un jeune qui était prêt, pour travailler, à accepter un emploi sans rapport avec sa qualification. Bac de comptabilité en poche, Florian Bigotte, natif du Quesnoy, est entré dans une usine automobile valenciennoise comme « opérateur sur ligne ». Dans sa bouche : « ouvrier ». Il avait dix-huit ans et en a aujourd'hui vingt-six. Il est devenu délégué syndical.
Et il est le fondateur des Indignés de Valenciennes. « On attendait le résultat de l'élection présidentielle, de voir ce que ça allait donner. On ne peut pas dire que ça va mieux, au contraire. » Alors, en discutant avec l'un, avec l'autre, ils ont fini par s'organiser, il y a moins d'un mois.
Autour de lui, les Indignés de Valenciennes se comptent pour le moment sur les doigts de la main. Florian Bigotte ne veut pas parler d'association ou de collectif (« Ne dépendre de personne »), tout juste de « section », comme il en existe une quarantaine en France. Ils sont les représentants du mouvement parti d'Espagne le 15 mai 2011, dont le nom est inspiré du titre du manifeste, Indignez-vous !, écrit par l'ancien diplomate et résistant français Stéphane Hessel.
« Ça fait peur de voir tous les pays en récession. Nous réfutons ce système dans lequel tout tourne autour de l'argent, nous voulons vraiment remettre l'humain au centre de tout », explique Florian Bigotte. « Les médias, poursuit-il, ont présenté le mouvement comme n'ayant pas de programme, ou ne portant pas de revendications claires. Mais il a des revendications plus larges que celles visant à une amélioration ponctuelle de la situation sociale : son ambition assumée est de " changer le monde ". » C'est dit. Au risque de passer pour des utopistes : « Nous en sommes conscients. Mais on y croit et ce n'est pas une raison pour ne pas le faire. » Florian Bigotte dit rencontrer des gens qui « commencent à ouvrir les yeux ». Et à ceux qui, à l'inverse, repoussent le tract tendu, il a envie de répondre : « On en reparlera dans quelques années. »
Demain, les Indignés de Valenciennes veulent profiter de ce rassemblement pour « se faire connaître » et montrer qu'ils sont « pacifistes ». Ce rassemblement sans défilé se tiendra sous la forme d'une assemblée : « L'idée est de discuter avec les passants et d'expliquer pourquoi on est là. » Et Florian Bigotte et ses copains, vigilants sur toute tentative de récupération de leur mouvement, ne veulent voir ni banderole partisane ni drapeau syndical.
Reste que le mouvement des Indignés peine à percer en France. « Combien serons-nous ? Je ne sais pas. Concrètement, nous attendons une centaine de personnes. D'après ce que nous renvoient les réseaux sociaux, nous pourrions être jusque cent cinquante. » Florian Bigotte se projette déjà à l'été prochain, plus propice pour un rassemblement en plein air, où il se verrait bien organiser un pique-nique citoyen. Dans un esprit « convivial et solidaire ».
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PAR BERNARD DÉFONTAINE - PHOTO DIDIER CRASNAULT